Soumise par défaut à l’impôt sur le revenu (IR), une société civile immobilière (SCI) peut, si elle le souhaite, opter pour une fiscalité à l’impôt sur les sociétés (IS). Ce dernier régime fiscal, plus avantageux, peut notamment permettre aux dirigeants de diminuer les bénéfices de la société, et donc ses prélèvements. Auquel cas, la SCI doit tenir une comptabilité, et amortir ses investissements. Mais quels sont les avantages et inconvénients à amortir ses biens immobiliers ? Et comment procéder ? Voici tout ce qu’il faut savoir sur l’amortissement de biens immobiliers dans une SCI à l’IS.
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📝 En résumé :
- L’amortissement permet de tenir compte de la perte de valeur d’un investissement dans le temps ;
- Les biens pouvant être amortis sont les actifs périssables comme les licences, les brevets… ainsi que certaines immobilisations corporelles ;
- Pour amortir ces biens, vous pouvez opter pour l’amortissement linéaire ou l’amortissement dégressif ;
- En amortissant ses investissements, une SCI peut diminuer sa base d’imposition annuelle et ainsi réduire son impôt ;
- En revanche, bien que l’amortissement des biens en SCI réduise la base d’imposition, il a également pour conséquence d’augmenter la plus-value des biens immobiliers en cas de vente.
L’amortissement des biens en SCI : définition et champ d’application
Qu’est-ce qu’un amortissement ?
En comptabilité, l’amortissement désigne un jeu d’écritures permettant de prendre en compte la perte de valeur d’un investissement dans le temps, du fait de son usure ou son obsolescence. Ce mécanisme comptable consiste à comptabiliser chaque année une charge correspondant à l’immobilisation d’un actif.
Sur le plan fiscal, cette dépréciation des actifs est intéressante dans la mesure où elle permet de réduire le bénéfice de la société. Ce qui permet à la SCI de payer moins d’impôts.
Quels biens peuvent être amortis en SCI ?
Il faut savoir que les biens composant l’actif de la SCI ne sont pas tous amortissables. Ainsi, les immobilisations incorporelles relatives à des biens impalpables sont généralement exclues de l’amortissement dans la mesure où ces investissements ne se déprécient pas dans le temps. Seuls les actifs périssables comme les brevets ou les licences peuvent être amortis.
En revanche, différentes immobilisations corporelles sont amortissables en SCI, parmi lesquelles :
- Les constructions et leurs composantes : c’est-à-dire les biens immobiliers (immeuble, appartement, bâtiment) ainsi que leurs toitures, murs ou gros œuvre… ;
- Les agencements réalisés dans les locaux ;
- Mais aussi le mobilier et le matériel utilisés dans le cadre des activités de la société (bureau, informatique…).
Comment amortir ses investissements dans une SCI à l’IS ?
Amortissement linéaire ou amortissement dégressif ?
En comptabilité, on distingue deux types d’amortissement : l’amortissement linéaire et l’amortissement dégressif.
Comme son nom l’indique, l’amortissement linéaire consiste à déduire la même valeur tous les ans, partant du principe que la dépréciation des biens est constante. C’est la forme d’amortissement généralement utilisée dans une SCI à l’IS.
L’amortissement dégressif permet, quant à lui, de déduire des sommes plus importantes les premières années suivant l’investissement. Régi par le code général des impôts, ce mode d’amortissement concernant principalement les immobilisations incorporelles est très peu appliqué en SCI.
Taux et durée d’amortissement à appliquer sur les immobilisations
Les biens d’une SCI sont amortis selon les taux et durée suivants :
- Pour un immeuble bâti : le taux annuel d’amortissement est de 2 % à 5 % sur une durée de 20 à 50 ans (suivant le type de bien) ;
- Pour une toiture et des installations électriques : on applique un taux de 4 % sur durée de 25 ans ;
- Pour des travaux d’étanchéité, ascenseurs et agencements intérieurs : un taux de 6,67 % sur 15 ans ;
- Pour des travaux de gros œuvre (structure) : un taux 1,25 % est appliqué sur une durée de 80 ans.
Prenons l’exemple d’un bien immobilier de 250 000 € amorti sur 20 ans. Au taux de 5 % par an (soit 100 % divisé par 20), le bien sera déprécié de 12 500 € par an (soit 250 000*5/100).
Les conséquences de l’amortissement pour une SCI soumise à l’IS
Les avantages de l’amortissement pour la SCI : une base fiscale minorée
Grâce à l’amortissement de ses investissements, une SCI soumise à l’IS peut réduire sa base d’imposition annuelle, et donc ses impôts. Les amortissements relatifs à l’achat de l’immeuble et aux travaux peuvent en effet être déduits du résultat de la société et réduire ainsi le montant de l’impôt sur les sociétés dû par la SCI.
Pour rappel, les bénéfices d’une SCI à l’IS sont soumis à l’impôt par tranches :
- Le taux réduit de 15 % est appliqué sur les bénéfices de la société inférieurs à 38 120 euros ;
- Le taux normal de 28 % s’applique ensuite entre 38 120 euros et 500 000 euros, et passe à 31 % pour les bénéfices supérieurs à 500 000 euros.
Les limites de l’amortissement : une plus-value majorée en cas de vente
Mais l’avantage fiscal issu de l’amortissement dans une SCI à l’IS peut perdre son intérêt si l’immeuble est cédé durant la vie sociale de la société. Car tout en réduisant la base d’imposition de la SCI, l’amortissement a pour conséquence d’augmenter la plus-value des biens immobiliers en cas de vente.
Pour calculer la plus-value, il faut en effet calculer la différence entre le prix de cession du bien immobilier et sa valeur nette comptable (VNC). Différente de la valeur réelle ou de marché du bien, la VNC correspond à la valeur du bien dépréciée par les différents amortissements appliqués au fil des années.
Avec ce régime, plus les amortissements sont importants, plus la taxation du bien au titre de la plus-value est importante en cas de vente. Reprenons l’exemple de notre bien immobilier de 250 000 euros amorti sur 20 ans. Si le bien est vendu au bout de 15 ans, sa valeur nette comptable (VNC) sera de 62 500 € soit 250 000 euros – 187 500 € correspondant à la valeur des amortissements annuels (12 500 €) sur 15 ans.
💡 Dans une SCI à l’IS, l’exonération pour durée de détention permettant à une SCI à l’IR de ne pas payer de plus-value au-delà de 22 ans est exclu.
Si vous envisagez d’opter pour une fiscalité de SCI à l’IS afin de pouvoir utiliser le principe de l’amortissement pour réduire vos impôts, vous devez donc absolument réfléchir préalablement à la vente du bien. Le calcul de la plus-value selon la valeur nette comptable (VNC) peut en effet s’avérer désavantageux si vous envisagez une cession du bien durant sa vie sociale. L’avantage fiscal issu de l’amortissement pourrait alors être anéanti. Pour une fiscalité optimisée en SCI, vous devez donc commencer par définir précisément votre projet. Vous pourrez ainsi analyser au préalable vos actifs et les revenus attendus, et anticiper la cession éventuelle du bien en cours de vie sociale.
Bonjour Lauriane,
Je me permets de sous solliciter concernant l’acquisition d’un bien immobilier au sein d’une SCI à l’IS.
La SCI sera détenue à 99% par une SAS dont le premier exercice comptable clôturé au 31 décembre 2024 et 1% par une Personne Physique.
Ma question est la suivante :
– Si la SCI est créée en septembre et que l’acquisition du bien se fait en septembre, les travaux d’entretien et de réparation réalisés en 2024 peuvent-ils être déduits du résultat 2024 de la SAS ?
En vous remerciant par avance pour votre retour.
Bien à vous,
Bonjour Mathieu,
Si le bien est détenu par la SCI, la déduction ne peut se faire que sur le résultat de la SCI. La SAS, qui possède le bien via la SCI, ne pourra rien déduire de son résultat. Si vous avez besoin d’un accompagnement poussé sur la création de votre SCI, je vous invite à contacter un professionnel (avocat, expert comptable). Indy ne gère pas encore les SCI detenues par des personnes morales.
Bonjour Valentine,
Merci pour ces éléments précieux. J’ai une dernière question.
Si j’achète un bien en septembre 2024, l’amortissement du bien est-il à proratiser sur le nombre de mois restants (4mois pour l’année 2024) ou sur l’année complète (amortissement linéaire de 5% pour 2024) ?
En vous remerciant par avance.
Bien à vous,
Bonjour Mathieu,
Le bien est à amortir sur l’année complète 🙂
Bonsoir Valentine,
Merci pour votre retour. Je repose ma question de manière différente.
Si je réalise 100 000 euros de travaux d’entretien et de réparation, sont-ils déductibles en totalité pour leur montant réel dès la première année au sein d’une SCI à l’IS?
Merci d’avance
Bonjour Mathieu,
Les travaux sont en effet déductibles, pour leur montant réel, sur l’année de leur réalisation. Seuls les biens, potentiellement achetés lors de ces travaux, sont amortissables (par ex : le mobilier, la toiture, l’installation électrique, la chaudière, etc).
Bonjour Valentine,
Imaginons que j’achète un bien 200 000 euros via SCI IS et que j’effectue 70 000 euros de travaux en septembre 2024 avec un exercice clos au 31 décembre.
Ces travaux sont ils déductibles pour leur montant réel, proratises sur l’année où ne peuvent ils faire l’objet que d’un amortissement comptable sur plusieurs années ?
L’amortissement du bien est il également proratise sur 4 mois?
Merci d’avance,
Bien à vous,
Bonjour Mathieu,
Les travaux sont en effet à amortir pour lisser la déduction. Le temps d’amortissement dépend de la nature des travaux (25 ans pour les toitures et installations électriques, 15 ans pour l’étanchéité et les agencements intérieurs, par exemple).
Le calcul de l’amortissement n’est pas à proratiser au nombre de mois.
Bonjour,
Les travaux effectués sur un bien en SCI sont-ils fiscalement considérés comme une charge ? Peuvent ils être également amortis dès la première année ? ces 2 points sont ils donc cumulatifs ?
Merci 🙂
Bonjour Bérangère,
Les travaux considérés comme des charges déductibles en SCI sont les travaux d’entretien, de réparation ou d’amélioration.
Par ailleurs, les travaux sont amortissables dès lors qu’ils sont terminés. Ainsi, si les travaux sont en cours de réalisation, vous devez à la fin de l’exercice les enregistrer en tant qu’immobilisations en cours. Lorsqu’ils sont terminés, il vous suffit de les sortir des immobilisations en cours pour commencer à les amortir comme n’importe quelle autre immobilisation.
Par conséquent, si vos travaux concernent ceux énoncés en amont et qu’ils sont terminés, ils sont amortissables.
Bonjour,
Pour l’amortissement de bureaux situés au rez de chaussée d’un appartement dans une grande ville, faut il isoler la valeur du terrain (considéré comme non amortissable ?) ou la valeur totale du bien acheté peut elle etre amortie ?
Bonjour Christophe,
Si votre achat contient le terrain, vous devez en effet l’isoler car il n’est pas amortissable.
Bonjour,
Vous dites que dans la SCI à l’IS, les amortissements permettent des réductions d’impôts mais que l’impôt sur la plus-value en sera majorée en cas de cession du bien durant sa vie sociale.
Qu’entendez-vous par « en cas de cession du bien durant sa vie sociale » et dans quels cas de figure peut-on contourner cette majoration de plus-value ?
Merci
Bonjour Adrien,
La vie sociale d’une société commerciale est un concept juridique qui représente la durée de vie de la société. Une entreprise dormante, en cours de cessation ou en redressement, n’a plus de vie sociale.
Bonjour,
Dans le cadre d’une succession : quelle valeur du bien immobilier est retenu ?
La VNC ou l’évaluation au prix du marché du bien immobilier ?
D’avance merci de votre réponse
cordialement
Bonjour Anthony,
Pour un bien immobilier, il est obligatoire de passer par un professionnel de l’immobilier en cas de sucession. Il s’agit de la valeur vénale du logement, soit l’évaluation au prix du marché immobilier.