Création d’entreprise : l’importance du seuil de rentabilité

Ce n’est un secret pour personne, construire un business plan est l’étape incontournable pour créer son entreprise. C’est ce document qui résume la stratégie globale de l’entreprise : ses objectifs, sa cible, ses offres… mais aussi le modèle économique que l’entreprise a choisi de mettre en œuvre. C’est là qu’entre en jeu une notion centrale : le seuil de rentabilité. Dans cet article, nous vous donnons tous les éléments pour comprendre pourquoi ce seuil est si important, et comment faire concrètement pour le calculer.

Qu’est-ce qu’un seuil de rentabilité ?

Définition du seuil de rentabilité

Le calcul du seuil de rentabilité d’une entreprise permet d’obtenir le montant de chiffre d’affaires au-delà duquel elle commence à générer un bénéfice.

A ce niveau d’activité, l’entreprise est à un point d’équilibre entre ses produits et ses charges. Son résultat est de zéro : elle ne fait donc ni perte ni bénéfice.

Autrement dit, c’est à partir de ce montant de chiffre d’affaires que la marge* réalisée permet à l’entreprise de s’acquitter de ses charges fixes.

Attention toutefois à ne pas confondre le “seuil de rentabilité” avec le « point mort« , qui représente la durée nécessaire à l’entreprise pour être rentable (exprimé en jours, mois ou années).

*différence entre les ventes réalisées et les charges variables qui, contrairement aux charges fixes, varient en fonction du chiffre d’affaires

Pourquoi est-il essentiel de calculer son seuil de rentabilité ?

Alors pourquoi est-ce si important de calculer son seuil de rentabilité lorsqu’on créer une entreprise ?

Et bien parce que le seuil de rentabilité est un indicateur indispensable, permettant de savoir à quel niveau de chiffre d’affaires l’entreprise devient rentable. C’est un élément incontournable du business plan, en particulier si vous souhaitez réaliser des demandes de financement pour votre projet.

Par ailleurs, c’est ce calcul du seuil qui vous permettra de fixer un objectif cohérent de chiffre d’affaires pour votre (ou vos) première(s) année(s).

Bref, cet indicateur est un véritable allié. Il vous aidera à fixer un cap pour votre création d’entreprise et à suivre clairement l’évolution de votre activité au fur et à mesure de votre développement.

Sans lui, vous ne pourriez savoir si le chiffre d’affaires de votre entreprise est conséquent, ou au contraire insuffisant pour assurer la pérennité de votre activité. Difficile dans ce cas de fixer les bons objectifs…

Voyons à présent la marche à suivre pour obtenir votre seuil de rentabilité.

Comment calculer concrètement son seuil de rentabilité ?

Le calcul du seuil de rentabilité, bien que relativement simple, nécessite toutefois quelques étapes intermédiaires. En effet, plusieurs éléments préalables sont à prendre en compte dans le calcul de cet indicateur clé.

Première étape : Établir ses charges fixes et ses charges variables

Afin de déterminer le seuil de rentabilité de votre entreprise, la première étape consiste à calculer vos charges.

Ces dernières se distinguent en deux catégories :

  • Les charges fixes (aussi appelées charges structurelles) : ce sont les dépenses que l’entreprise doit assumer obligatoirement, peu importe la production ou le chiffre d’affaires réalisés. Il s’agit par exemple des loyers commerciaux, des salaires et charges sociales, des honoraires (cabinet comptable, avocat), des primes d’assurance ;
  • Les charges variables (aussi appelées charges opérationnelles) : contrairement aux charges fixes, ces charges représentent les coûts variables qui dépendent directement de l’activité. Il s’agit essentiellement des achats de matières premières et de fournitures, de l’énergie utilisée pour la fabrication, des frais de transport et de distribution.

A noter que certaines charges peuvent comporter à la fois une partie fixe et une partie variable (par exexemple : les salaires comprenant des commissions).

⚠️ Attention à ne pas confondre les notions de charges fixes et variables, avec celles de charges directes (directement incorporées au coût de revient du produit) et indirectes (incorporées après le calcul du coût de revient).

Deuxième étape : Calculer la marge sur coûts variables

Le deuxième élément à prendre en compte pour calculer votre seuil de rentabilité, est la marge sur coûts variables.

Il s’agit du montant des ventes, auquel on soustrait les charges variables (qui découlent de ces ventes).

En d’autres termes : Marge sur coûts variable = Chiffre d’affaires – Charges variables

Or, dans le cadre d’une création d’entreprise, aucun chiffre d’affaires n’a encore été réalisé. Le calcul se base donc sur la prévision des ventes à venir.

Le calcul devient donc : Marge sur coûts variable = Chiffre d’affaires prévisionnel – Charges variables

Ainsi, pour que le calcul soit le plus juste possible, il est essentiel de bien estimer :

  • Les ventes prévisionnelles et le chiffre d’affaires qui en découle ;
  • Les coûts variables associées à chaque vente.

Prenons l’exemple d’un imprimeur qui enverrait ses commandes par voie postale. Admettons que l’offre de cet imprimeur soit un pack de 50 affiches personnalisées à 100 €.

Les charges variables sont ici les frais d’impression, d’emballage et d’envoi de ce pack (environ 25 €).

💡 En revanche, nous verrons dans un deuxième temps que le coût des machines utilisées pour l’impression, ainsi que les licences des logiciels graphiques entrent dans les charges fixes.

L’imprimeur estime qu’il vendra 300 packs sur l’année, ce qui correspond à un chiffre d’affaires prévisionnel de 30 000 €.

Ses charges variables s’élèveront alors à 7 500 € (25 € x 300 packs).
Et la marge sur coûts variables sera donc de 30 000 – 7 500 = 22 500 €.

Troisième étape : En déduire le taux de marge sur coûts variables

Une fois que vous connaissez votre marge sur coûts variables, il suffit d’appliquer une formule simple pour obtenir le taux de marge sur coûts variables (qui vous servira ensuite au calcul final du seuil de rentabilité).

Taux de marge sur coûts variables = (Marge sur coûts variables / Chiffre d’affaires) x 100

Reprenons l’exemple de l’imprimeur qui vise 30 000 € de chiffre d’affaires.

Son taux de marge sur coûts variables sera alors de (22 500 / 30 000) x 100 = 75%

Quatrième étape : Le calcul du seuil de rentabilité

Vous avez à présent tous les éléments nécessaires au calcul du seuil de rentabilité.

La formule à appliquer est la suivante :
Seuil de rentabilité = Charges fixes / Taux de marge sur coûts variables

Afin de réaliser ce calcul, il vous faut donc à présent estimer vos charges fixes.

Reprenons une dernière fois notre exemple de l’imprimeur.

Ses charges fixes comprennent :

  • Le matériel utilisé : machines d’impression, ordinateur, tablette graphique, licences de logiciels ;
  • Le loyer du local ;
  • Les factures d’énergie, de téléphonie, d’internet ;
  • Les charges sociales ;
  • Etc.

Établissons ce montant à 14 000 €.

Nous obtenons donc un seuil de rentabilité de : 14 000 / 0.75 = 18 667 €.

C’est-à-dire, qu’en dessous de ce niveau de chiffre d’affaires, l’imprimeur sera déficitaire, il perdra de l’argent. Alors qu’au-dessus, il réalisera des bénéfices.

Pour votre entreprise, il vous faudra dans la mesure du possible, atteindre et dépasser votre seuil de rentabilité si vous voulez pérenniser votre activité.

💡 Si votre activité comprend des charges importantes, il est possible que le seuil de rentabilité soit très élevé et difficile à atteindre. Dans ce cas, il vous faudra compter plusieurs années afin d’arriver à une situation pérenne.

En conclusion, le seuil de rentabilité n’est pas seulement un chiffre à mettre dans votre business plan pour les demandes de financement. C’est aussi et surtout un indicateur indispensable sur lequel vous appuyer pour votre création d’entreprise. Grâce à lui, vous pourrez vous assurer de prendre les bonnes décisions stratégiques, tout en mesurant facilement la progression de votre activité.

par Estelle Serrero

Estelle est rédactrice web freelance, passionnée par les transitions professionnelles. Par sa plume, elle s'engage à rendre visible tout sujet lié à l'entrepreneuriat, la formation et les ressources humaines.