Votre arrêt maladie de plus de 3 mois risque-t-il de mettre vos finances en péril ? Cette situation, redoutée par de nombreux salariés, soulève des questions cruciales en droit du travail. Au-delà de 3 mois d’absence, les mécanismes d’indemnisation se complexifient et la perte de salaire peut devenir considérable. Entre indemnités journalières plafonnées, maintien de salaire limité et délais de carence, naviguer dans ce labyrinthe administratif s’avère délicat. Comment préserver vos revenus ? Quels sont vos droits réels ? Découvrez les solutions concrètes pour anticiper et limiter l’impact financier d’un arrêt maladie prolongé.

Résumé
- Un arrêt maladie de longue durée dépasse officiellement 6 mois consécutifs, mais le seuil critique se situe dès 3 mois quand les mécanismes d’indemnisation montrent leurs limites ;
- Le salarié perçoit des indemnités journalières (plafonnées à 41,47 €/jour depuis 2025) et un maintien employeur selon son ancienneté ;
- Les délais de carence pénalisent dès le début : 3 jours sans IJSS et 7 jours avant le maintien employeur. Cette double carence représente des centaines d’euros de perte ;
- La prévoyance collective et les assurances individuelles constituent les solutions essentielles pour maintenir 60 à 100% du salaire net pendant plusieurs années face aux arrêts prolongés.
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Quelles sont les conséquences sur le salaire d’un arrêt maladie de plus de 3 mois ?
Définition d’un arrêt maladie de longue durée
Le seuil officiel des 6 mois selon l’Assurance Maladie
Un arrêt maladie de longue durée constitue une suspension temporaire du contrat de travail pour cause de maladie dépassant six mois consécutifs. Cette définition, encadrée par les articles L321-1 et suivants du Code de la Sécurité sociale, distingue clairement les arrêts prolongés des absences ponctuelles. Le médecin traitant prescrit initialement cet arrêt, mais le médecin-conseil de l’Assurance Maladie doit donner un avis favorable pour maintenir l’indemnisation au-delà de six mois. Cette évaluation médicale garantit la légitimité de l’absence prolongée.
Les critères médicaux d’un arrêt prolongé
Pour être qualifié d’arrêt longue durée, votre état de santé doit nécessiter une période de soins et de récupération supérieure à six mois. Cette durée doit être médicalement justifiée par une pathologie nécessitant un traitement prolongé ou une convalescence étendue.
ALD : quand une maladie est reconnue « longue durée »
Certaines pathologies bénéficient d’une reconnaissance particulière appelée Affection de Longue Durée (ALD), signifiant que la maladie nécessite des soins prolongés et coûteux.
Il existe deux catégories distinctes :
- Les ALD exonérantes qui concernent une liste de 30 pathologies graves (cancer, diabète, sclérose en plaques, Parkinson…) ;
- Les ALD non exonérantes qui concernent, quant à elles, les maladies chroniques telles que l’arthrose sévère, le glaucome ou l’hypothyroïdie.
Les conditions pour être indemnisé par la Sécurité sociale
Le principe des indemnités journalières de remplacement
Pendant un arrêt maladie, aucun salaire n’est versé par l’employeur au-delà des périodes de maintien légal. La Sécurité sociale prend le relais en versant des indemnités journalières (IJ), véritables revenus de remplacement destinés à compenser partiellement la perte de salaire. Pour bénéficier de ces IJ durant les six premiers mois d’arrêt, l’assuré doit remplir l‘une de ces conditions :
- Avoir travaillé au minimum 150 heures sur les trois mois civils précédant l’interruption ;
- Ou justifier de cotisations sur 1015 fois le SMIC horaire sur les six derniers mois.
Conditions renforcées après 6 mois d’arrêt
Au-delà de six mois d’absence, les critères d’éligibilité se durcissent considérablement. En effet, l’assuré doit impérativement justifier d’une affiliation de 12 mois consécutifs au régime général et démontrer 600 heures de travail effectif sur les 12 derniers mois ou des cotisations sur 2030 fois le SMIC horaire.
La durée maximale d’indemnisation par l’Assurance maladie
La règle des 360 jours sur 3 ans consécutifs
Attention, l’Assurance Maladie limite l’indemnisation à 360 jours maximum sur une période de trois années civiles consécutives. Bonne nouvelle : ce compteur se remet automatiquement à zéro après une année complète de reprise du travail, ce qui permet de reconstituer ses droits.
Ce compteur unique englobe tous vos arrêts maladie, peu importe leur cause. Par exemple, un arrêt de 180 jours pour dépression suivi de 120 jours pour une fracture épuise 300 jours du quota global. L’épuisement des 360 jours vous expose à une interruption d’indemnisation.
L’exception des ALD : jusqu’à 3 ans continus
Les Affections de Longue Durée bénéficient d’un régime dérogatoire. Concrètement, l’indemnisation peut atteindre trois années continues sans interruption ni limitation de jours. Cette durée exceptionnelle reconnaît la gravité de ces maladies nécessitant des traitements prolongés.
Que se passe-t-il après épuisement des droits ?
L’épuisement des 360 jours ou des 3 ans d’ALD permet de solliciter une pension d’invalidité. Le contrat de travail reste suspendu pendant cette procédure. Pour certains, cette transition peut représenter une opportunité de reconversion vers la création d’entreprise adaptée aux nouvelles contraintes de santé.
Indemnités journalières et maintien de salaire
Comment sont calculées les indemnités journalières de la Sécurité sociale ?
Les règles de calcul des IJSS
Les indemnités journalières de la Sécurité sociale (IJSS) représentent 50% du salaire journalier de base, calculé sur la moyenne des salaires bruts des trois derniers mois précédant l’arrêt. Le calcul suit ces deux formules précises :
Salaire journalier de base = salaire brut des 3 derniers mois ÷ 91,25
Indemnités journalières = salaire journalier de base × 50%
Prenons l’exemple de Pierre, salarié percevant 2 500 € brut mensuel pendant les trois mois précédant son arrêt. Le calcul s’effectue ainsi :
- Salaire brut des 3 derniers mois = 7 500 € (2 500 € × 3)
- Salaire journalier de base = 82,19 € (7 500 € ÷ 91,25)
- Indemnités journalières théoriques = 41,10 € (82,19 € × 50%)
Pierre percevra donc 41,10 € par jour. À l’inverse, un cadre à 3 500 € mensuel ne toucherait que 41,47 € maximum au lieu des 57,19 € théoriques, perdant ainsi 15,72 € quotidiens.
Les dérogations au calcul standard
Certains éléments de rémunération suivent des règles spécifiques. Le treizième mois se répartit automatiquement sur l’année entière. Les primes de vacances contractuelles s’intègrent dans l’assiette si elles présentent un caractère régulier et prévisible. En revanche, les primes exceptionnelles ponctuelles (prime de résultat unique, gratification extraordinaire) sont généralement exclues de la base de référence.
Le rôle de l’employeur et la convention collective
Le maintien de salaire légal : durée et conditions
Pour bénéficier du maintien de salaire par l’employeur, plusieurs conditions doivent être réunies : cumuler au moins 1 an d’ancienneté dans l’entreprise, être soigné dans l’un des États membres de l’EEE (Espace économique européen) ou en France, ne pas être travailleur temporaire, intermittent, salarié saisonnier ou travailleur à domicile et percevoir effectivement les indemnités journalières de la Sécurité sociale.
La durée et les taux varient selon l’ancienneté :
| Ancienneté | Durée 90% | Durée 66,66% | Total |
| 1 à 5 ans | 30 jours | 30 jours | 60 jours |
| 6 à 10 ans | 40 jours | 40 jours | 80 jours |
| 11 à 15 ans | 50 jours | 50 jours | 100 jours |
| 16 à 20 ans | 60 jours | 60 jours | 120 jours |
| 21 à 25 ans | 70 jours | 70 jours | 140 jours |
| 26 à 30 ans | 80 jours | 80 jours | 160 jours |
| Plus de 30 ans | 90 jours | 90 jours | 180 jours |
Reprenons notre exemple. Pierre dispose de 8 ans d’ancienneté dans son entreprise.
Calcul pour les 40 premiers jours (90%) :
- Salaire journalier brut de Pierre : 2 500 € ÷ 30 jours = 83,33 €/jour
- Maintien à 90% : 83,33 € × 90% = 75 €/jour
- Indemnités journalières perçues : 41,10 €/jour
- Complément versé par l’employeur : 75 € – 41,10 € = 33,90 €/jour
Calcul pour les 40 jours suivants (66,66%) :
- Maintien à 66,66% : 83,33 € × 66,66 % = 55,55 €/jour
- Indemnités journalières perçues : 41,10 €/jour
- Complément versé par l’employeur : 55,55 € – 41,10 € = 14,45 €/jour
L’apport des conventions collectives
Les conventions collectives améliorent souvent les obligations légales minimales en étendant les durées de maintien ou en supprimant les conditions d’ancienneté. Elles peuvent prévoir le maintien d’avantages annexes comme le panier repas pendant l’arrêt, préservant l’ensemble du package de rémunération habituel du salarié.
La subrogation : mécanisme et avantages
La subrogation permet à l’employeur de verser directement l’intégralité des revenus d’arrêt maladie (maintien du salaire + IJSS) puis de récupérer automatiquement les indemnités auprès de l’Assurance Maladie. Ce mécanisme évite au salarié les décalages de paiement : il reçoit tout sur son bulletin habituel sans attendre les versements échelonnés de la Sécurité sociale. Pour l’employeur, cette gestion d’entreprise centralisée simplifie le suivi administratif.
Les délais de carence et leur impact sur le revenu

Les 3 jours de carence IJSS : calcul de l’impact
L’Assurance Maladie applique un délai de carence de 3 jours durant lesquels aucune indemnité journalière n’est versée. Cette carence s’applique à chaque nouvel arrêt, sauf dans deux situations importantes :
- Si la reprise d’activité entre deux arrêts n’a pas dépassé 48 heures ;
- Ou en cas de prolongation de l’arrêt initial avec un nouveau certificat médical.
Le délai de carence employeur de 7 jours
L’employeur applique un délai de carence de 7 jours ouvrables avant de déclencher le maintien de salaire légal, soit 4 jours supplémentaires par rapport aux IJSS. Cette différence crée une période de vulnérabilité financière du 4e au 7ᵉ jour, où le salarié ne perçoit que les IJ sans complément employeur. Heureusement, de nombreuses conventions collectives réduisent ou suppriment totalement ce délai employeur.
Bilan pour Pierre (salaire 2 500 €, IJSS 41,10 €/jour) qui s’arrête 4 mois : Perte totale liée aux délais de carence : 419 € sur les 7 premiers jours, quel que soit la durée totale de l’arrêt.
Quelles solutions pour limiter la perte de salaire après 3 mois d’arrêts maladie ?
Les garanties de la prévoyance collective de l’entreprise
Fonctionnement et exemple concret
Face à ces pertes de salaire, quelles solutions existent ? La prévoyance collective constitue la première solution. Il s’agit d’un contrat d’assurance souscrit par l’entreprise qui protège les salariés contre l’incapacité temporaire, l’invalidité et le décès. Elle intervient en complément des dispositifs légaux (IJSS + maintien employeur) pour maintenir le niveau de vie du salarié.
Pierre a été arrêté pendant 4 mois : après 80 jours de maintien légal, Pierre ne perçoit plus que 41,10 €/jour d’IJSS au lieu de ses 83,33 € habituels.
Cette perte représente 1 267€ de manque à gagner mensuel, soit près de 50% de son salaire.
À l’inverse, ses charges personnelles (crédit, factures) restent identiques.
Le déséquilibre financier devient donc rapidement important.
La prévoyance collective comble cette lacune en versant un complément selon les garanties contractuelles. Les taux varient de 60% à 100% du salaire net selon les contrats, avec un délai de franchise de 30, 60 ou 90 jours avant déclenchement.
Négociation collective et extension des garanties
Les entreprises peuvent améliorer les garanties par accord d’entreprise, réduisant les délais de franchise ou augmentant les taux de couverture. Le financement se répartit généralement entre employeur et salarié.
De plus, la portabilité permet de conserver temporairement ces garanties en cas de rupture du contrat de travail, assurant une continuité de protection pendant la recherche d’emploi. Cette négociation collective transforme la prévoyance en véritable outil de fidélisation des talents.
Les assurances individuelles complémentaires
Contrats prévoyance personnels : types et garanties
Deuxième solution, les assurances individuelles ! Les assurances individuelles complémentaires permettent en effet de pallier l’absence de prévoyance collective ou de renforcer une couverture existante insuffisante. L’assurance perte de revenus constitue le socle principal : elle verse un complément aux IJSS pour maintenir un pourcentage du salaire habituel. Cette garantie s’accompagne généralement d’une couverture incapacité/invalidité couvrant les situations d’incapacité temporaire (arrêt maladie) et permanente (invalidité reconnue).
Critères de choix et coûts
La franchise détermine le délai avant déclenchement : 30, 60, 90 ou 180 jours selon les contrats. Concrètement, plus la franchise est longue, moins la cotisation est élevée. Le taux de couverture varie de 60 à 90% du salaire, permettant d’adapter la protection au budget disponible.
Attention, les exclusions médicales nécessitent une attention particulière lors de la souscription. En effet, certaines pathologies préexistantes ou activités à risque peuvent être exclues définitivement. Cette analyse préalable évite les mauvaises surprises lors d’un sinistre et permet de choisir le contrat le plus adapté à sa situation personnelle et professionnelle.
Les démarches à entreprendre auprès de l’employeur et de la caisse d’assurance
Démarches administratives essentielles
La transmission de l’arrêt de travail dans les 48 heures constitue une obligation impérative pour déclencher l’indemnisation. Le salarié doit adresser les volets 1 et 2 à sa caisse d’assurance maladie et remettre le volet 3 à son employeur. Ce dernier établit ensuite l’attestation de salaire permettant le calcul des indemnités journalières selon les revenus des trois derniers mois.
En cas de prévoyance collective, l’employeur déclare l’arrêt auprès de l’organisme assureur via un formulaire spécifique. Cette déclaration déclenche la prise en charge complémentaire selon les garanties contractuelles. Le non-respect de ces délais peut entraîner des retards de paiement ou pire des refus d’indemnisation.
Recours et contestations possibles
En cas de refus d’indemnisation par l’Assurance Maladie, plusieurs recours existent. En effet, le salarié peut contester la décision devant la commission de recours amiable puis, si nécessaire, devant le tribunal des affaires de Sécurité sociale. L’expertise médicale contradictoire permet de faire évaluer l’état de santé par un médecin indépendant lorsque le médecin-conseil conteste la nécessité de l’arrêt.
Préparation du retour et mi-temps thérapeutique
La visite de reprise devient obligatoire après 30 jours d’arrêt pour évaluer l’aptitude au poste. Le médecin du travail peut prescrire des aménagements de poste ou recommander un mi-temps thérapeutique. Cette période de transition permet une reprise progressive tout en conservant une partie des indemnités journalières, facilitant la réadaptation professionnelle après un arrêt prolongé.
