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Repos compensateur non pris : droits, conséquences et solutions

En résumé

  • Le repos compensateur est un temps de repos accordé en contrepartie d’heures supplémentaires. Il en existe deux types : le repos obligatoire, au-delà de 220 heures par an et le repos de remplacement prévu par accord collectif ;
  • L’employeur doit tenir un compteur individuel, mentionner les heures sur le bulletin de paie et informer le salarié dès 7 heures acquises. Il doit également informer ou consulter le CSE ;
  • Le repos non pris expose le salarié à des risques de santé et l’employeur à des sanctions : dommages et intérêts, voire requalification en travail dissimulé ;
  • Le salarié peut demander à prendre son repos dans un délai de 2 ans. À la rupture du contrat, l’employeur doit verser une indemnité compensatrice. En cas de litige, le salarié peut saisir le Conseil de prud’hommes.

Vous gérez une entreprise et vos salariés accumulent des heures supplémentaires sans prendre leur repos compensateur ? Cette situation soulève des questions juridiques importantes. Le droit du travail impose des règles strictes en la matière. Quelles sont vos obligations en tant qu’employeur ? Quels risques encourez-vous si vos salariés ne prennent pas leur repos ? Comment régulariser un repos compensateur non pris ? Découvrez tout ce qu’il faut savoir pour gérer cette situation en toute conformité.

Repos compensateur non pris : droits, conséquences et solutions

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Qu’est-ce que le repos compensateur ?

Définition du repos compensateur

Le principe du repos compensateur

Le repos compensateur désigne un temps de repos accordé au salarié en contrepartie des heures supplémentaires effectuées au-delà de la durée légale de travail.

Attention : Ne pas confondre RTT (Réduction du Temps de Travail) et repos compensateur. Les RTT compensent une durée hebdomadaire supérieure à 35h. À l’inverse, le repos compensateur compense des heures supplémentaires ponctuelles au-delà du contingent annuel.

Les deux types de repos compensateur

Il existe deux types de repos compensateur :

  • Le repos compensateur obligatoire (COR) : prévu par les articles L3121-26 et suivants du Code du travail (ici), il s’applique automatiquement dès que le salarié dépasse le contingent annuel d’heures supplémentaires. Ce dispositif relève de l’ordre public social : aucun accord ne peut y déroger ;
  • Le repos compensateur de remplacement (RCR) : fondé sur un accord collectif ou une convention collective, il permet de remplacer tout ou partie du paiement majoré des heures supplémentaires par un temps de repos équivalent. Il s’applique aux heures effectuées en dessous du contingent annuel.

Bon à savoir : Le contingent annuel d’heures supplémentaires correspond au nombre maximum d’heures supplémentaires qu’un salarié peut effectuer sur une année sans autorisation de l’inspection du travail. Fixé par défaut à 220 heures par an, ce seuil peut être modifié par accord collectif d’entreprise ou de branche.

Les salariés éligibles au repos compensateur

Les salariés concernés

Tous les salariés effectuant des heures supplémentaires au-delà du contingent annuel bénéficient du repos compensateur obligatoire. Ainsi, le dispositif s’applique quelle que soit la quotité de travail du salarié.

Les catégories exclues

Certaines catégories de salariés sont exclues du repos compensateur en raison de leur régime de travail spécifique :

  • Les cadres en forfait jour : leur temps de travail est décompté en jours et non en heures ;
  • Les cadres dirigeants : exclus du dispositif en raison de leur autonomie de gestion ;
  • Les salariés en forfait annuel en heures : ils relèvent d’un régime distinct qui ne génère pas de droit au repos compensateur.

Les obligations de l’employeur

Conditions d’ouverture du droit au repos compensateur

Le déclenchement du droit au repos

Le droit au repos compensateur obligatoire se déclenche automatiquement dès la 221ᵉ heure supplémentaire effectuée sur l’année. Point important : ce déclenchement est automatique et ne dépend d’aucune demande du salarié.

Bon à savoir : Concernant le repos compensateur de remplacement, l’employeur doit respecter les modalités prévues par l’accord collectif de branche ou à la convention collective.

Le calcul de la durée du repos

La durée du repos compensateur obligatoire varie selon l’effectif de l’entreprise. Voici comment la calculer :

Effectif de l’entrepriseDurée du repos compensateurExemple
≤ 20 salariés50% des heures au-delà du contingent10h supplémentaires → 5h de repos
> 20 salariés100% des heures au-delà du contingent10h supplémentaires → 10h de repos

À noter : ce repos peut se cumuler avec d’autres avantages liés aux heures supplémentaires, comme les majorations pour heures de nuit.

Suivi et décompte des heures supplémentaires

L’obligation de tenir un compteur individuel

L’employeur doit mettre en place un compteur individuel pour chaque salarié effectuant des heures supplémentaires. Ce compteur recense précisément le nombre d’heures de repos compensateur acquises et doit être mis à jour régulièrement.

Les mentions obligatoires sur le bulletin de paie

Le bulletin de paie doit indiquer le nombre d’heures de repos compensateur acquises. Cette traçabilité permet au salarié de connaître ses droits à tout moment et constitue une preuve en cas de litige. Par ailleurs, dès que le salarié atteint 7 heures, l’employeur doit y ajouter une mention spécifique précisant le délai de 2 mois pour prendre le repos.

Information et affichage obligatoire au sein de l’entreprise

Les obligations envers les représentants du personnel

Le niveau d’information du Comité Social et Économique (CSE) varie selon le nombre d’heures supplémentaires effectuées. Pour les heures réalisées dans le contingent annuel (jusqu’à 220 heures), l’employeur informe simplement le CSE.

En revanche, pour les heures au-delà du contingent, l’obligation devient plus stricte : l’employeur doit consulter le CSE et recueillir son avis avant de faire réaliser ces heures.

L’affichage des modalités de prise du repos

L’employeur doit afficher dans l’entreprise les modalités de prise du repos compensateur. Cet affichage précise notamment le délai de prévenance d’une semaine que le salarié doit respecter pour demander son repos.

Quelles sont les conséquences du repos compensateur non pris ?

Incidences sur la santé et la productivité du salarié

Les conséquences physiques et psychologiques

Lorsqu’un salarié accumule des heures supplémentaires sans prendre son repos compensateur, les conséquences sur sa santé peuvent être importantes. La fatigue s’accumule progressivement et augmente les risques psychosociaux tels que le stress, l’anxiété ou le burn-out.

Non-négligeable : cette situation peut conduire à un arrêt maladie prolongé, voire à l’exercice du droit de retrait si le salarié estime que sa santé est en danger.

L’impact sur la performance professionnelle

L’absence de repos récupérateur affecte directement la qualité du travail. En effet,un salarié fatigué perd en concentration et commet davantage d’erreurs. Résultat : le risque d’accidents du travail augmente notamment dans les secteurs nécessitants vigilance et précision. Au-delà de ces impacts opérationnels, le salarié perd financièrement : le repos compensateur non pris représente une rémunération qu’il ne percevra jamais.

Risques juridiques pour l’employeur

L’action en paiement et les dommages et intérêts

Le salarié peut engager une action en paiement d’une indemnité compensatrice correspondant au salaire qu’il aurait perçu pendant son repos. Au-delà de cette indemnité, si le manquement de l’employeur a causé un préjudice à sa santé, le juge peut condamner l’employeur à verser des dommages et intérêts supplémentaires. Cette double condamnation repose sur le manquement à l’obligation de sécurité.

Les risques de requalification en travail dissimulé

Lorsque l’employeur dissimule intentionnellement les heures supplémentaires pour éviter de déclencher le repos compensateur, la situation peut être requalifiée en travail dissimulé.

Résultat : l’employeur s’expose à des sanctions pénales lourdes : jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende pour les employeurs personnes physiques.

Prescription et délai pour réclamer les repos compensateurs

Le salarié dispose d’un délai de 2 ans pour réclamer ses repos compensateurs non pris. Le délai de prescription court à partir du jour où le salarié a eu connaissance effective de ses droits. Concrètement, si l’employeur n’informe pas le salarié via le bulletin de paie, le délai ne commence pas à courir.

Comment régulariser ou compenser un repos non pris ?

indeminité compensatrice

Demande de régularisation par le salarié

Les modalités de demande

Le salarié peut demander à prendre son repos compensateur dès qu’il atteint 7 heures acquises. Il doit respecter un délai de prévenance d’une semaine avant la date souhaitée. Le repos se prend par journée entière ou demi-journée, selon les besoins du salarié et l’organisation de l’entreprise.

Les obligations de l’employeur

L’employeur doit informer le salarié dès que le seuil de 7 heures est atteint. Bonne nouvelle : si le salarié ne demande pas à prendre son repos dans le délai de 2 mois, il ne perd pas son droit pour autant. L’employeur doit alors lui imposer de prendre son repos dans l’année qui suit, garantissant ainsi que le repos ne s’accumule pas indéfiniment.

Versement d’une indemnité compensatrice

En cours de contrat : le paiement du repos non pris

Lorsque le salarié ne prend pas son repos compensateur dans les délais impartis, il peut demander le versement d’une indemnité compensatrice équivalente au salaire qu’il aurait perçu pendant ce repos. Cette demande doit être formulée dans le délai légal. Enfin, le salarié doit prouver l’existence des heures non compensées.

À la rupture du contrat : l’indemnité obligatoire

À la rupture du contrat de travail, l’employeur doit obligatoirement verser une indemnité en espèce pour tout repos compensateur non pris, qu’il s’agisse du repos obligatoire ou du repos de remplacement. Le montant correspond au salaire que le salarié aurait perçu pendant le repos. Cette indemnité figure dans le solde de tout compte.

Recours possibles en cas de litige avec l’employeur

La saisine du Conseil de prud’hommes

En cas de refus de l’employeur de verser l’indemnité compensatrice ou de faire prendre le repos, le salarié peut saisir le Conseil de prud’hommes dans un délai de 2 ans à compter de la connaissance de ses droits. Cette action vise à obtenir le paiement de l’indemnité compensatrice et, si un préjudice est prouvé, des dommages et intérêts supplémentaires.

Les preuves à constituer

Le salarié doit rassembler les éléments prouvant l’existence des repos non pris : compteur d’heures figurant sur les bulletins de paie, relevés d’heures supplémentaires, échanges écrits avec l’employeur.

Point important : Les témoignages de collègues peuvent également être utilisés pour attester de la réalité des heures supplémentaires effectuées et du refus de l’employeur de faire prendre le repos.

Vous avez davantage de questions sur le repos compensateur non pris ? N’hésitez pas à utiliser l’espace commentaire, nous vous répondrons avec plaisir ! 🤝

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par Sandra Grisard

Ancienne comptable reconvertie dans l’écriture, Sandra connaît les rouages de la gestion d’entreprise sur le bout des doigts. Aujourd’hui, elle met son expertise au service des indépendants en partageant des conseils concrets, simples et utiles pour gagner du temps et éviter les erreurs.

Questions fréquentes

Comment se faire payer ses repos compensateurs ?

Le salarié peut demander le versement d'une indemnité compensatrice équivalente au salaire qu'il aurait perçu pendant le repos, dans le délai de prescription de 2 ans.

Repos compensateur non pris : est-il perdu ?

Non, le repos compensateur non pris n'est pas perdu. Le salarié peut le réclamer dans un délai de 2 ans ou percevoir une indemnité compensatrice à la rupture du contrat.

Peut-on perdre ses repos compensateurs ?

Oui, si le délai de prescription de 2 ans est dépassé sans que le salarié ait réclamé ses droits. Ce délai court à partir de la connaissance effective des droits par le salarié.

Quand doit être pris le repos compensateur ?

Le salarié doit prendre son repos dans un délai de 2 mois après avoir atteint 7 heures acquises. Passé ce délai, l'employeur doit lui imposer de le prendre dans l'année qui suit.

2 commentaires
  1. AIT ISSAD Rémy Adam

    Bonjour.
    Merci pour votre article détaillé
    J’aurais besoin d’une réponse sur un point précis svp. Depuis 2007 j’ai toujours dépassé le contingent annuel de 220 h. Mon employeur ne nous a jamais informé de nos droits au repos Compensatoire obligatoire à ce jour. J’ai découvert ce droit depuis cinq mois. A votre avis, je peux réclamer le payement du RCO sur toutes ces années , ou alors les deux dernières années uniquement?
    Merci de votre retour.

    1. Léa Deschamps

      Bonjour Rémy Adam,

      En théorie, l’action en justice pour l’indemnisation des RCO non pris est soumise à un délai de prescription de deux (2) ans. Ce délai de deux ans court à partir du moment où vous avez eu connaissance de vos droits.

      Puisque vous avez découvert ce droit il y a seulement cinq mois, vous êtes potentiellement en mesure de réclamer le paiement des RCO non pris sur toutes les années passées qui sont concernées par le dépassement des 220 heures.

      Nous vous recommandons cependant de consulter un avocat spécialisé en droit du travail pour confirmer votre situation et engager les démarches !

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