- Le pacte d’associés est un contrat extra-statutaire facultatif conclu entre au moins deux associés pour organiser leurs relations de façon plus précise que les statuts ;
- Il se différencie des statuts par son caractère confidentiel, sa modification simplifiée et son opposabilité limitée aux seuls signataires ;
- Sa durée peut être déterminée ou indéterminée. En cas de non-respect, les sanctions incluent dommages-intérêts, exécution forcée ou sortie de l’associé défaillant ;
- Les clauses portent sur trois domaines : fonctionnement de la société, droit de vote des associés et conditions de cession des parts sociales.
Vous envisagez de devenir associé d’une entreprise ou vous l’êtes déjà ? Anticiper les relations entre associés s’avère indispensable pour éviter conflits et blocages futurs. Le pacte d’associés est un outil juridique complémentaire aux statuts, permettant d’organiser précisément les droits et obligations de chacun. Mais qu’est-ce qu’un pacte d’associés exactement ? En quoi diffère-t-il des statuts ? Quelles clauses intégrer pour protéger vos intérêts ? Découvrez tout ce qu’il faut savoir pour sécuriser votre société.

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Qu’est-ce qu’un pacte d’associés ?
Définition
Un contrat entre associés
Le pacte d’associés désigne un contrat extra-statutaire conclu entre au moins deux associés d’une société. Ce document organise leurs relations en précisant leurs droits et obligations respectifs au-delà du cadre légal. Un associé par définition est une personne liée par contrat à une entreprise commune en vue de partager ses bénéfices.
Nature juridique et caractéristiques
Juridiquement, le pacte est régi par l’article 1103 du Code civil (disponible ici) qui dispose que « les contrats légalement formés tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faits ».
Important : cette force obligatoire lie uniquement les signataires du pacte.
Le pacte présente deux caractéristiques essentielles : il reste inopposable aux tiers et aux associés non-signataires et bénéficie d’un caractère confidentiel puisqu’aucune publication au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS) n’est requise.
Bon à savoir : Le pacte d’associés concerne les sociétés avec parts sociales : SARL ou EURL (Société à Responsabilité Limitée, unipersonnelle ou non), SCI (Société Civile Immobilière). Le pacte d’actionnaires s’applique, quant à lui, aux sociétés par actions : SA (Société Anonyme), SAS ou SASU (Société par Actions Simplifiée, unipersonnelle ou non). Sur le fond, ces documents sont identiques.
Différence entre pacte d’associés et statuts de la société
Le pacte d’associés et les statuts constituent deux documents complémentaires, mais distincts qui organisent la vie de la société. En effet, parmi les étapes de création d’une entreprise, la rédaction du pacte intervient après la signature des statuts.
Les statuts : acte fondateur obligatoire et public
Les statuts représentent l’acte fondateur obligatoire lors de toute création d’entreprise. Tous les associés doivent les signer lors de la constitution. Ces documents sont publics : ils doivent être déposés au RCS et sont consultables par les tiers. Leur modification nécessite une AGE (Assemblée Générale Extraordinaire), un enregistrement au greffe et la publication d’une annonce légale.
Le pacte : contrat facultatif et confidentiel
Le pacte d’associés présente des caractéristiques opposées. Ce contrat reste facultatif et peut être signé par au moins deux associés, sans obligation d’inclure l’ensemble des associés. Autre avantage majeur : il demeure confidentiel : aucune publication n’est requise. Sa modification s’effectue par simple accord entre les signataires, sans formalisme particulier.
Cette souplesse présente toutefois une limite : le pacte ne peut jamais contredire les statuts. En cas de contradiction, les dispositions statutaires priment toujours. Le pacte vient uniquement compléter les statuts en précisant certains aspects que les associés souhaitent garder confidentiels ou modifier plus facilement.
Pourquoi conclure un pacte d’associés ?
Anticiper les situations conflictuelles
Le pacte d’associés permet d’éviter les litiges futurs en établissant des règles claires dès le départ. Vous anticipez ainsi les situations conflictuelles : désaccords stratégiques, répartition des bénéfices. Le pacte permet également d’anticiper le cas où un associé veut quitter la société en prévoyant les modalités de sortie : prix de rachat, délais, conditions de cession.
Adapter la gouvernance aux besoins spécifiques
Les statuts définissent le cadre général, tandis que le pacte permet une adaptation fine. Vous pouvez y prévoir des droits spécifiques : droit de veto, droit de préemption, droits d’information renforcés. Cette souplesse protège notamment les fondateurs face aux investisseurs. Vous maintenez un équilibre entre pouvoir décisionnel et répartition du capital.
Préserver la confidentialité
Les statuts sont publics : vos concurrents peuvent les consulter au RCS. Le pacte reste confidentiel, préservant vos stratégies sensibles : rémunération des dirigeants, clauses de non-concurrence, accords commerciaux.
Bon à savoir : Un avocat peut être associé ou actionnaire minoritaire d’une société commerciale, dans le respect des règles de conflit d’intérêts. Depuis 2020, il peut également être président du conseil d’administration d’une SA, à condition que les fonctions de président et de directeur général soient dissociées. En revanche, il ne peut exercer certaines fonctions exécutives : gérant SARL, directeur général SA, président SAS.
Les caractéristiques du pacte d’associés

Signataires du pacte
Qui doit signer le pacte ?
Le pacte d’associés nécessite la signature d’au moins deux associés pour être valable. Cette exigence minimale garantit son caractère contractuel.
Contrairement aux statuts qui doivent être signés par l’ensemble des associés, le pacte offre une flexibilité totale : il peut être conclu par tous les associés ou seulement certains d’entre eux. Vous pouvez ainsi limiter les signataires aux associés majoritaires, aux fondateurs ou à tout autre groupe spécifique selon vos besoins.
Tous les associés sont-ils liés par le pacte ?
Les associés non-signataires ne sont pas liés par les dispositions du pacte. Seuls les signataires doivent respecter les engagements prévus et peuvent se prévaloir des droits accordés.
Certains pactes prévoient également des signataires différents selon les clauses : une clause peut engager uniquement les fondateurs, tandis qu’une autre concernera l’ensemble des associés signataires.
Durée du pacte
Les signataires fixent librement la durée du pacte. Deux options sont possibles : la durée déterminée ou la durée indéterminée.
Durée déterminée : stabilité garantie
La durée déterminée fixe un terme précis : une date exacte, une durée chiffrée (5 ans par exemple), la durée de vie de la société, ou la survenance d’un événement spécifique (entrée en bourse, cession). Cette option garantit stabilité et prévisibilité pour l’ensemble des signataires.
Durée indéterminée : flexibilité et risque de rupture
La durée indéterminée n’impose aucune limite temporelle, offrant une flexibilité maximale. Toutefois, elle présente un risque majeur : tout signataire peut résilier unilatéralement le pacte à tout moment, sous réserve de respecter un préavis raisonnable. Cette possibilité de résiliation fragilise fortement la sécurité juridique du dispositif.
Bon à savoir : Pour sécuriser vos relations, privilégiez une durée déterminée. Les startups optent généralement pour 3 à 5 ans, tandis que les sociétés familiales alignent la durée du pacte sur celle de la société (99 ans).
Fin ou rupture du pacte d’associés
Le pacte d’associés peut prendre fin selon trois modalités distinctes.
Arrivée du terme
Lorsque le pacte prévoit une durée déterminée, il prend fin automatiquement à la date convenue. Aucune formalité particulière n’est requise : le pacte cesse de produire ses effets de plein droit.
Résiliation unilatérale
Si le pacte est conclu pour une durée indéterminée, tout signataire peut y mettre fin unilatéralement. Cette résiliation nécessite une notification aux autres signataires et le respect d’un préavis raisonnable, généralement fixé à plusieurs mois.
Résiliation anticipée
Le pacte peut également prévoir des motifs de résiliation anticipée avant son terme : non-respect d’une clause essentielle, exclusion d’un associé, dissolution de la société ou accord unanime des signataires pour y mettre fin.
Bon à savoir : Prévoyez systématiquement dans le pacte les conséquences de sa résiliation : sort des parts sociales, modalités de rachat, indemnités éventuelles. Cette anticipation évite les litiges lors de la sortie.
Les sanctions en cas de non-respect du pacte
Sanctions légales
Le pacte d’associés présente une nature contractuelle. Son non-respect entraîne des sanctions contractuelles, sans remettre en cause la validité des actes de la société.
Les dommages-intérêts constituent la sanction la plus fréquente : ils réparent le préjudice subi par les signataires lésés. Le juge peut également prononcer l’exécution forcée du pacte, imposant ainsi le respect de l’obligation non-respectée (vente de parts au prix convenu, par exemple). Enfin, en cas de violation grave, la rupture du pacte peut être prononcée.
Sanctions contractuelles prévues dans le pacte
Le pacte peut prévoir des sanctions spécifiques : pénalités financières (astreinte, amende contractuelle), sortie forcée de l’associé défaillant, cession forcée des parts aux autres signataires à prix réduit ou perte de droits (suspension du droit de vote, privation de dividendes).
Bon à savoir : Les sanctions contractuelles doivent être proportionnées à la gravité de la faute. Un juge peut réduire une pénalité manifestement excessive au regard du préjudice réellement subi.
Les principales clauses d’un pacte d’associés
Les clauses relatives au fonctionnement de la société
Le pacte d’associés peut prévoir plusieurs clauses organisant le fonctionnement quotidien de la société :
- Clause de gouvernance : elle précise la répartition des pouvoirs entre associés, définit les modalités de nomination des dirigeants et organise le processus de prise de décision ;
- Clause de confidentialité : elle impose aux signataires de préserver le secret des informations stratégiques de la société ;
- Clause de non-concurrence : elle interdit aux associés d’exercer une activité concurrente pendant une durée déterminée ;
- Clause de rupture : elle définit les événements déclenchant la fin anticipée du pacte (faute grave, mésentente, dissolution) ;
- Clause de répartition des bénéfices : elle fixe des modalités spécifiques pour distribuer les dividendes entre associés ;
- Clause de règlement des différends : elle prévoit le recours à la médiation ou l’arbitrage avant toute action judiciaire.
Les clauses relatives aux cessions de parts
Clauses de contrôle des entrées et sorties
Ces clauses encadrent strictement les mouvements de parts sociales :
- La clause de préemption : accorde aux signataires un droit prioritaire de rachat lorsqu’un associé souhaite céder ses parts ;
- La clause d’agrément : subordonne toute cession à un tiers à l’accord préalable des autres associés ;
- La clause d’inaliénabilité : interdit purement et simplement la cession des parts pendant une durée déterminée, garantissant ainsi la stabilité de l’actionnariat.
Bon à savoir : La clause d’inaliénabilité ne peut excéder 10 ans selon la jurisprudence. Au-delà, elle risque d’être annulée pour durée excessive.
Clauses de protection des associés
La clause de sortie conjointe protège les associés lors d’une cession : le tag along permet aux minoritaires de vendre simultanément aux mêmes conditions que les majoritaires, tandis que le drag along autorise les majoritaires à imposer la vente aux minoritaires.
Autre protection, la clause good/bad leaver fixe le prix de sortie selon la durée de présence de l’associé (prix inférieur si départ prématuré, prix supérieur si respect de la durée).
La clause buy or sell (roulette russe) permet quant à elle de résoudre les blocages : un associé propose un prix, l’autre choisit d’acheter ou de vendre à ce prix. Enfin, la clause anti-dilution préserve la participation des fondateurs malgré l’entrée de nouveaux associés.
Les clauses relatives au droit de vote
Le pacte peut aménager les droits de vote des associés au-delà des règles statutaires :
- Clause d’accord unanime : elle impose l’unanimité des signataires pour les décisions stratégiques (cession d’actifs, augmentation de capital, nomination du dirigeant) ;
- Clause de veto : elle accorde à un associé (investisseur ou fondateur) le droit de bloquer unilatéralement certaines décisions ;
- Clause de vote double : elle attribue des droits de vote supérieurs à la participation au capital, renforçant le pouvoir de certains associés ;
- Droit d’information renforcée : elle garantit un reporting régulier et un accès élargi aux documents de la société.
Des interrogations au sujet du pacte d’associés ? Notre équipe vous répond dans les commentaires !
