Vous envisagez de vous lancer dans les activités immobilières ou cherchez un local pour exercer votre profession libérale ? Le choix du contrat de location peut impacter directement votre activité et vos finances. Mais savez-vous vraiment quand opter pour un bail professionnel plutôt qu’un bail commercial ? Entre durée minimale, conditions de résiliation et obligations respectives, ce type de contrat offre une flexibilité précieuse aux professionnels. Pourtant, ses spécificités restent méconnues de nombreux entrepreneurs. Comment fonctionne concrètement le bail professionnel ? Quelles sont vos obligations et celles de votre bailleur ? Découvrez tout ce qu’il faut savoir pour faire le bon choix.

Résumé
- Le bail professionnel s’adresse exclusivement aux professions libérales (réglementées ou non) pour un usage strictement professionnel, avec une durée minimale de 6 ans et une reconduction tacite automatique ;
- Il offre une flexibilité contractuelle exceptionnelle : négociation libre du loyer, des charges et des clauses, contrairement au bail commercial plus rigide et au bail civil très encadré ;
- Le locataire bénéficie d’une liberté de résiliation totale à tout moment avec 6 mois de préavis, tandis que le bailleur ne peut résilier qu’à l’échéance, sans indemnité d’éviction à verser ;
- Les obligations se répartissent équitablement : le bailleur assure la délivrance, l’entretien structurel et la jouissance paisible, le locataire paie le loyer, maintient les locaux et respecte l’usage convenu.
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Qu’est-ce qu’un bail professionnel ?

Définition du bail professionnel
Le cadre légal et la nature du contrat
Le bail professionnel constitue un contrat de location spécifique régi par l’article 57A de la loi du 23 décembre 1986, suivi par l’article 57B. Le bailleur (propriétaire du local) met à disposition son bien au locataire professionnel (également appelé preneur), qui l’exploite pour son activité. Ainsi, les locaux sont affectés à un usage exclusivement professionnel, excluant définitivement toute activité agricole, commerciale, artisanale ou industrielle.
Les professions éligibles et leur classification
Ce régime juridique s’adresse exclusivement aux professions libérales, qu’elles soient réglementées ou non réglementées. Les professions libérales réglementées comprennent les avocats, médecins, architectes, experts-comptables… Les professions libérales non réglementées, quant à elles, englobent les consultants, formateurs, traducteurs, développeurs informatiques, graphistes, coachs sportifs…
Les mentions obligatoires du contrat
Le contrat doit être obligatoirement de forme écrite. Il doit mentionner l’identité complète des parties, la désignation précise du local avec sa superficie exacte, la destination exclusive du bien et la durée initiale du bail. Non-négligeable : la description détaillée des locaux annexes (parking, cave, terrasse) évite les malentendus sur le périmètre exact de la location. Enfin, les modalités de révision du loyer (indice, périodicité) doivent être définies pour sécuriser les relations.
La rédaction et les formalités
Les parties peuvent confier la rédaction à un professionnel du droit ou la réaliser elles-mêmes. Si la durée du bail est supérieure à 12 ans, le contrat est obligatoirement rédigé par un notaire. La sous-location reste possible mais nécessite l’accord exprès du bailleur sauf clause contraire du contrat. Autre information importante : le locataire principal conserve l’entière responsabilité des obligations contractuelles envers le propriétaire.
Différences entre bail professionnel, bail commercial et bail civil
Les trois régimes de location immobilière
Choisir le bon type de contrat détermine vos droits et obligations. Le bail professionnel s’adresse aux professions libérales, le bail commercial aux activités commerciales et artisanales, tandis que le bail civil concerne l’habitation. Chaque régime présente des caractéristiques juridiques distinctes qu’il convient de maîtriser avant signature.
Tableau comparatif des trois statuts
Pour vous aider à y voir plus clair, voici un comparatif détaillé des trois régimes :
| Caractéristiques | Bail professionnel | Bail commercial | Bail civil |
| Durée minimale | 6 ans | 9 ans | 3 ans |
| Activités concernées | Professions libérales (BNC) | Commerce, artisanat, industrie | Habitation |
| Droit au renouvellement | Non | Oui | Oui |
| Indemnité d’éviction | Non | Oui en cas de non-renouvellement par le bailleur | Non applicable |
| Flexibilité contractuelle | Élevée | Encadrée | Très encadrée |
| Bail précaire possible | Non | Oui (3 ans maximum) | Non |
Les avantages du bail professionnel
Une liberté contractuelle exceptionnelle
Le bail professionnel offre une véritable souplesse contractuelle par rapport aux autres régimes locatifs. Les parties négocient librement le montant du loyer, les modalités de révision, la répartition des charges et les conditions d’aménagement du local. Cette flexibilité permet d’adapter précisément le contrat aux spécificités de chaque profession.
Des coûts maîtrisés et négociables
Le bail professionnel évite les frais annexes du bail commercial : pas d’indemnité d’éviction, pas de droit au bail à verser, pas de pas-de-porte obligatoire. Ces économies substantielles facilitent l’installation des jeunes professionnels ou la mobilité géographique, idéal pour développer des idées d’entreprise en toute sérénité.
Durée et conditions du bail professionnel
Quelle est la durée légale minimale du bail professionnel ?
Le principe des 6 ans incompressibles
La durée minimale du bail professionnel est fixée impérativement à 6 ans. Cette règle s’impose sans dérogation possible, excluant notamment le recours au bail précaire autorisé en matière commerciale. Contrairement au bail emphytéotique qui s’étend de 18 à 99 ans, cette durée intermédiaire répond aux besoins spécifiques des professions libérales.
Ainsi, un consultant peut signer un bail de 7 ans pour amortir ses investissements en aménagement, tandis qu’un médecin préférera la durée minimale de 6 ans pour conserver sa flexibilité géographique.
Les spécificités en copropriété
En cas d’acquisition immobilière en tontine par plusieurs professionnels, la durée du bail reste identique, mais sa gestion peut se complexifier. Le mécanisme tontinier, fréquent en copropriété professionnelle, fait du survivant l’unique propriétaire rétroactivement depuis l’acquisition initiale, impactant potentiellement les droits du locataire en place.
Les conditions de résiliation et de préavis
Des droits de résiliation inégaux
Le bail professionnel instaure une asymétrie entre les droits du locataire et ceux du bailleur. Le locataire bénéficie d’une liberté totale de résiliation : il peut mettre fin au contrat à tout moment, sans justification ni pénalité, en respectant uniquement un préavis de 6 mois. Inversement, le bailleur ne peut résilier qu’à l’échéance du bail, moyennant le même préavis de 6 mois. Cette restriction protège la stabilité d’installation du professionnel tout en préservant sa mobilité.
Les formalités de notification et leurs effets
La résiliation exige le respect de formes précises sous peine de nullité. Deux modes de notification sont autorisés : la lettre recommandée avec avis de réception (LRAR) ou l’acte de commissaire de justice. La LRAR constitue le moyen le plus économique, tandis que l’acte de commissaire de justice offre une sécurité juridique renforcée.
Un architecte souhaitant libérer ses locaux au 1ᵉʳ janvier doit envoyer sa lettre recommandée avant le 1er juillet de l’année précédente.
La clause résolutoire pour manquements graves
Le bailleur peut résilier de manière anticipée en cas de manquement grave du locataire grâce à la clause résolutoire. Cette clause ne s’applique qu’aux situations limitativement énumérées : défaut de paiement du loyer, non-versement du dépôt de garantie, absence d’assurance ou troubles de voisinage. Toute autre clause résolutoire est réputée non écrite.
Sa mise en œuvre nécessite impérativement une mise en demeure préalable par commissaire de justice. Cette procédure protège le locataire contre les résiliations abusives tout en préservant les droits légitimes du bailleur.
Les possibilités de renouvellement du bail professionnel
L’absence de droit au renouvellement
Contrairement au bail commercial, le bail professionnel n’accorde aucun droit au renouvellement au locataire. Le bailleur peut librement refuser de reconduire le bail à son échéance, sans justification ni indemnité. Ainsi, un propriétaire peut récupérer son local pour l’occuper personnellement, le vendre ou le louer à un autre professionnel, sans contrainte financière.
Les trois scénarios à l’échéance
À l’approche de l’échéance, trois situations peuvent se présenter. Premièrement, l’absence de notification entraîne la reconduction tacite : le bail se renouvelle automatiquement pour la même durée aux mêmes conditions, sans démarche particulière des parties.
Si votre contrat initial était prévu pour 8 ans, la reconduction sera également de 8 ans, et non pour la durée légale minimale de 6 ans.
Deuxièmement, le bailleur peut donner congé simple sans offre de renouvellement, mettant fin définitivement au bail. Troisièmement, il peut notifier un congé assorti d’une offre de renouvellement pour négocier de nouvelles conditions.
La négociation des nouvelles conditions
Lorsque le bailleur souhaite modifier les termes du bail, il doit impérativement notifier un congé avec offre de renouvellement. Cette procédure permet de réviser le loyer, d’adapter la répartition des charges, de modifier la destination des locaux ou d’intégrer l’indexation des loyers sur de nouveaux indices.
Le locataire conserve sa liberté d’accepter ou de refuser ces nouvelles conditions, auquel cas, il devra simplement quitter les lieux à l’échéance sans aucune pénalité.
Quels sont les obligations et les droits du bailleur et du locataire ?
Les obligations principales du bailleur
L’état des lieux d’entrée obligatoire
Le bailleur doit établir un état des lieux contradictoire à l’entrée, décrivant précisément l’état du local, des équipements et des finitions. Ce document, signé par les deux parties, servira de référence pour la restitution en fin de bail. En l’absence d’état des lieux d’entrée, le locataire est présumé avoir reçu le local en parfait état de réparations locatives, ce qui peut s’avérer défavorable au bailleur lors de la restitution.
L’obligation de délivrance conforme
Le bailleur doit remettre le local professionnel en bon état de réparation et conforme à l’usage convenu. Cette obligation couvre la conformité aux normes de sécurité, l’accessibilité et la fonctionnalité des équipements essentiels (électricité, plomberie, chauffage). La délivrance implique que le local soit immédiatement exploitable pour l’activité professionnelle prévue. Cette obligation se prolonge pendant toute la durée du bail.
La garantie de jouissance paisible
Le bailleur garantit au locataire une jouissance paisible des lieux pendant toute la durée contractuelle. Cette obligation couvre la protection contre les troubles de voisinage, les nuisances sonores excessives et les interventions abusives du propriétaire. Ainsi, un bailleur ne peut pénétrer dans les locaux sans autorisation préalable, sauf urgence caractérisée. Cette garantie s’étend aux troubles causés par d’autres locataires du même immeuble ou par les travaux non indispensables réalisés par le propriétaire.
L’entretien et les grosses réparations
Le bailleur assume la charge des grosses réparations définies à l’article 606 du Code civil : gros murs, toiture, charpente et ravalement. Ces travaux structurels ne peuvent être transférés au locataire, même par clause contractuelle. Non-négligeable : cette obligation s’applique également aux parties communes de l’immeuble.
La garantie des vices cachés
Le bailleur garantit l’absence de vices cachés affectant l’usage normal du local. Cette garantie couvre les défauts non apparents lors de la signature qui empêchent ou diminuent l’exploitation professionnelle. Cependant, le bailleur peut s’exonérer de cette garantie par clause expresse, à condition d’être de bonne foi et de ne pas avoir connaissance des vices au moment de la location.
Les obligations principales du locataire
Le paiement du loyer et des charges
Le locataire doit s’acquitter du loyer aux échéances prévues, généralement mensuelles.
Cette obligation couvre également les charges locatives refacturées : consommations d’eau et d’électricité, entretien des parties communes, taxe foncière selon la répartition contractuelle. Le défaut de paiement constitue un manquement grave pouvant déclencher la clause résolutoire après mise en demeure infructueuse.
L’usage conforme à la destination
Le locataire doit utiliser les locaux exclusivement pour l’activité professionnelle mentionnée au bail. Tout changement de destination nécessite l’accord préalable du bailleur. Cette obligation protège l’immeuble contre les activités incompatibles avec sa vocation ou susceptibles de générer des nuisances.
Un avocat ne peut sous-louer une partie de son cabinet à un comptable sans accord du bailleur, car cela modifie l’usage du local prévu au contrat.
L’entretien courant et les réparations locatives
Le locataire assume les réparations locatives et l’entretien courant : maintenance des équipements, remplacement des éléments d’usure (robinetterie, serrures), nettoyage et petit entretien. Cette obligation vise à maintenir les locaux en bon état de fonctionnement pendant toute la durée du bail.
Les obligations d’assurance et de restitution
Le locataire doit souscrire une assurance multirisque professionnelle couvrant les risques locatifs (incendie, dégâts des eaux, explosion) et fournir annuellement l’attestation au bailleur. Cette garantie protège les intérêts des deux parties.
À l’échéance, le locataire restitue les locaux dans l’état où il les a reçus, déduction faite de l’usure normale. L’état des lieux de sortie détermine les éventuelles retenues sur le dépôt de garantie.
