Devenir moniteur d’auto-école : guide complet pour exercer

Vous avez longtemps cherché une voie de reconversion. Des projets, vous en avez eu. Rien de concret, jusqu’au jour où a surgi la bonne idée : devenir moniteur d’auto-école. Entre pédagogie, maîtrise technique et transmission de valeurs citoyennes, ce métier allie passion de la route et utilité sociale. Mais comment se former ? Combien ça coûte ? Quel statut choisir pour son entreprise ? Suivez le guide !

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En quoi consiste le métier de moniteur d’auto-école ?

Le moniteur d’auto-école ou ECSR (enseignant de la conduite et de la sécurité routière), son nom officiel, exerce une profession réglementée par le Code de la route. Son rôle va bien au-delà du simple apprentissage technique de la conduite : il forme les conducteurs en devenir aux enjeux de sécurité routière.

Les missions du moniteur d’auto-école

Les missions d’un moniteur d’auto-école sont variées et enrichissantes :

• La formation théorique et pratique : Le moniteur dispense des cours de Code de la route et des leçons de conduite. Il enseigne les règles de circulation, les manœuvres et la maîtrise du véhicule. Chaque séance est adaptée au niveau et aux capacités d’apprentissage de l’élève ;
• L’accompagnement pédagogique : Le moniteur développe chez ses élèves un sens des responsabilités face aux risques routiers. Il travaille avec eux sur la gestion du stress, l’anticipation des dangers et le partage de la route avec tous les usagers (piétons, cyclistes, motards, etc) ;
• La préparation aux examens : Le professionnel prépare ses élèves aux épreuves du permis de conduire. Quand il juge leur niveau suffisant, il donne son feu vert à leur inscription à l’examen ;
• Des missions complémentaires : Devenir moniteur d’auto-école, c’est également animer des stages de sensibilisation à la sécurité routière, des formations post-permis ou encore intervenir en milieu scolaire et en entreprise.

Les qualités requises pour exercer en tant que moniteur d’auto-école

Devenir moniteur d’auto-école exige plusieurs qualités et compétences :

• La pédagogie : Être à l’aise à l’oral, s’exprimer dans un français fluide, adapter son discours aux besoins de chaque élève et faire preuve de patience sont des compétences indispensables ;
• Le sang-froid : Le moniteur doit rester calme en toutes circonstances. Sur la route, sa capacité d’anticipation et sa réactivité garantissent non seulement sa sécurité, mais aussi celles de son élève et des autres usagers ;
• Le sens des responsabilités : Former les conducteurs de demain implique de transmettre des valeurs de civisme et de respect ;
• La maîtrise de la conduite : Cela paraît évident, mais devenir moniteur d’auto-école implique de maîtriser son véhicule les yeux fermés (pas au sens littéral, bien entendu).
• La connaissance du Code de la route : Un moniteur doit posséder une connaissance parfaite et à jour de toutes les règles de circulation. Cette expertise lui permet de répondre avec précision aux questions des élèves et de transmettre les bons réflexes de sécurité.

Devenir moniteur d’auto-école : plutôt salarié ou indépendant ?

Devenir moniteur d’auto-école implique de choisir entre la condition de salarié et celle d’indépendant.

Le statut de salarié

La majorité des moniteurs débutent leur carrière comme salariés dans une auto-école. Ce statut offre un salaire fixe, une protection sociale complète et un volume de travail régulier.

Selon un article de l’INSEE (ici), le salaire net mensuel moyen en 2023 pour un moniteur d’auto-école s’élevait à 1 800 euros.

Le statut d’indépendant

De plus en plus de moniteurs font pourtant le choix de l’indépendance. Leur activité combine souvent freelancing et partenariat avec des auto-écoles en ligne. Cette option offre une grande liberté dans l’organisation du temps de travail.

La rémunération, bien que variable, est potentiellement plus élevée que celle d’un salarié.

Qui peut devenir moniteur d’auto-école ?

Pour devenir moniteur d’auto-école, plusieurs conditions doivent être remplies, conformément à l’article R.212-1 du Code de la route.

Les prérequis légaux pour devenir moniteur d’auto-école sont les suivants.

• Âge minimum : Un moniteur d’auto-école doit être âgé d’au moins 20 ans pour exercer. À noter qu’il est possible de débuter la formation de moniteur dès l’âge de 18 ans ;
• Permis de conduire : Il faut être titulaire d’un permis B valide (c’est-à-dire qui n’est pas suspendu, à la suite d’une infraction) et hors période probatoire. Cette ancienneté garantit une expérience suffisante de la conduite pour être légitime à l’enseigner ;
• Aptitude médicale. Le candidat doit passer une visite médicale auprès d’un médecin agréé par la préfecture. Le certificat médical atteste des conditions d’aptitude physique, cognitive et sensorielle requises pour l’enseignement de la conduite ;
• Honorabilité. Le candidat ne doit pas avoir fait l’objet de condamnations mentionnées aux articles L.212-2 et R.212-4 du Code de la route.

Bon à savoir : En cas d’inaptitude médicale à former à la conduite en situation réelle, le préfet peut limiter l’autorisation d’enseigner aux cours théoriques uniquement (conformément à l’article R212-2 du Code de la route).

Quelle formation suivre pour devenir moniteur ?

Pour exercer légalement le métier de moniteur d’auto-école, l’obtention du titre professionnel ECSR est obligatoire. Cette certification est délivrée par le ministère du Travail depuis 2016, en remplacement du BEPECASER (Brevet pour l’exercice de la profession d’enseignant de la conduite automobile et de la sécurité routière).

Le titre professionnel d’enseignant de la conduite et de la sécurité routière (TP ECSR)

Le titre professionnel ECSR est une certification de niveau 5, équivalent d’un diplôme Bac+2 (BTS, DUT).

La formation peut être continue ou en alternance.

Durée et organisation de la formation

La formation dure entre 8 à 12 mois et comprend :

• 910 heures de formation théorique et pratique dans un centre agréé ;
• 280 heures de stage en entreprise dans une auto-école ;
• Un examen final.

Contenu pédagogique

Le titre professionnel ECSR est divisé en deux CCP (certificats de compétences professionnelles) :

• Le CCP1 enseigne les techniques d’apprentissage de la conduite, la gestion d’une leçon individuelle ou collective ;
• et le CCP2. Ce module forme à l’animation de stages de sensibilisation, aux interventions en milieu scolaire et en entreprise, ainsi qu’aux approches dites “nouvelles” comme l’éco-conduite.

Bon à savoir : Il est possible d’enseigner après validation d’un seul CCP. Une demande d’ATRE (Autorisation temporaire et restrictive d’exercer) doit être adressée à la préfecture de votre département. Pour plus de détails, consultez l’arrêté du 13 avril 2016 relatif à l’autorisation temporaire et restrictive d’exercer.

Les épreuves d’examen

Pour valider le titre professionnel ECSR, le candidat doit réussir trois épreuves :

• Une mise en situation professionnelle (3 heures en salle et en voiture), suivie d’un entretien avec un jury sur cette mise en situation (1 heure) ;
• Un entretien sur deux productions réalisées en stage (1 h 30) ;
• Un entretien final (30 minutes).

Au terme de cette dernière épreuve, le titre professionnel est remis à l’étudiant qui a réussi l’examen.

Spécialisations possibles

Après l’obtention du titre professionnel ECSR, il est possible de se spécialiser, via l’obtention de deux CCS (Certificat complémentaire de spécialisation) :

• le CCS deux-roues, pour devenir moniteur de moto ;
• et le CCS groupe lourd, pour enseigner la conduite des poids lourds.

Ces deux modules durent chacun 250 heures environ.

Point important : Le titre professionnel de l’ECSR est accessible sans diplôme. Contrairement à son prédécesseur, le BEPECASER, qui exigeait un niveau de qualification minimum (brevet, CAP, BEP).

Coût et financement de la formation

Le coût d’une formation ECSR varie d’un centre agréé à l’autre. Il est généralement compris entre 8 000 et 10 000 euros.

⚠️ Attention ! Il n’est pas rare que des organismes affichent des offres déconnectées du marché. Certaines formations ECSR sont vendues pour un montant avoisinant les 18 000 euros. Gardez à l’esprit que ce total est le double du prix moyen du secteur.

Pour devenir moniteur d’auto-école, il n’est pas obligatoire de mettre la main à la poche. Vous pouvez financer tout ou partie de votre formation ECSR, sous conditions, grâce à plusieurs dispositifs et organismes. Ci-dessous, une liste non-exhaustive :

• Le CPF (Compte Personnel de Formation). Ce sont vos droits à la formation acquis au cours de vos activités professionnelles antérieures ;
• France Travail (ex-Pôle emploi). Les demandeurs d’emploi peuvent bénéficier de nombreux dispositifs d’aides pour les formations certifiantes comme l’ECSR. Renseignez-vous sur votre éligibilité et, entre autres, le POEI (Préparation opérationnelle à l’emploi individuelle) ;
• L’OPCO Mobilités. Chaque organisme d’accompagnement à la formation peut fournir des aides aux entreprises de son secteur d’activité, qui embauchent en alternance ou en contrat de professionnalisation ;
• Chaque conseil régional met régulièrement à jour la liste de ses formations subventionnées. Cette liste varie d’un conseil à l’autre. Point important, résider dans la région qui finance votre formation n’est pas toujours obligatoire pour bénéficier de son aide. En revanche, la formation se déroulera bel et bien sur le territoire de la région qui prend en charge votre formation ;
• Le FAF (Fonds d’assurances formation) aide les TNS (Travailleurs non salariés) à développer leurs compétences par la subvention de formations professionnalisantes.

Il est recommandé de contacter directement les centres de formation agréés à l’ECSR. Ils pourront vous orienter vers le financement le plus adapté à votre situation.

Dans le cadre de votre recherche de financement, vous serez peut-être amené à convaincre des institutions de vous attribuer une aide. Dans ce cas, cet exemple de présentation de projet de création d’entreprise pourrait vous aider.

Quel statut juridique choisir pour exercer en tant que moniteur d’auto-école ?

Devenir moniteur d’auto-école en indépendant implique de choisir le statut de votre entreprise. Plusieurs options s’offrent à vous.

L’entreprise individuelle et la micro-entreprise

La micro-entreprise est tout simplement une entreprise individuelle simplifiée. Soumise à l’impôt sur le revenu (IR), elle permet à une personne physique de créer et gérer facilement son activité, avec des obligations administratives et comptables allégées.

En bref, la micro-entreprise est idéale pour débuter votre activité, tout en limitant vos investissements.

L’entreprise individuelle

Le moniteur d’auto-école peut également se lancer à son compte en créant directement une entreprise individuelle au régime réel d’imposition. Ici, il devra tenir une comptabilité plus complète et détaillée, mais pourra en échange déduire ses charges réelles (loyer, matériel pédagogique, frais de déplacement, etc.) de son chiffre d’affaires, contrairement au régime micro, où les déductions se font via un abattement forfaitaire.

 L’entreprise individuelle classique est idéale si vous êtes certain de générer un chiffre d’affaires substantiel.

Créer une société

Pour les moniteurs d’auto-école qui souhaitent développer leur activité, s’associer, embaucher des salariés ou créer leur propre auto-école, la création d’une société est la solution.

À l’inverse d’une entreprise individuelle, qui est une personne physique, une société est une personne morale.

Elle est une entité juridique et fiscale distincte de ses propriétaires.

Les sociétés de capitaux

Une société de capitaux est une entreprise dont le fonctionnement repose principalement sur les apports financiers de ses actionnaires ou associés. Elle permet de mobiliser des capitaux importants pour développer l’activité et sa responsabilité est généralement limitée aux apports. Ce type de société est soumis à l’impôt sur les sociétés (IS).

Les formes juridiques des sociétés de capitaux sont les suivantes :

• Société anonyme (SA) ;
• Société par actions simplifiée (SAS) ;
• Société par actions simplifiée unipersonnelle (SASU) ;
• Société en commandite par actions (SCA).

Les sociétés mixtes

Les sociétés mixtes, également appelées sociétés hybrides, sont un compromis entre les sociétés de taille modeste et les sociétés de capitaux.

Les formes juridiques des sociétés mixtes sont :

• la société à responsabilité limitée (SARL) ;
• l’entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL) qui est une version unipersonnelle de la SARL.

L’EURL peut être soumise à l’impôt sur le revenu (IR) ou à l’impôt sur les sociétés (IS), à condition que l’associé unique soit une personne physique. Son principal inconvénient réside dans le fait qu’elle ne peut accueillir d’autres associés sans devoir se transformer en SARL ou créer une nouvelle société.

La SARL permet quant à elle d’accueillir plusieurs associés, mais est imposée à l’IS. À moins que sa date de création d’entreprise remonte à moins de 5 ans ou qu’il s’agisse d’une SARL de famille.

L’EURL et la SARL sont soumises à des obligations comptables, fiscales et administratives plus strictes et plus complexes que celles d’une entreprise individuelle, qu’elle soit simplifiée ou classique.

Quelle forme d’entreprise choisir ?

Le choix entre ces statuts dépend de :

• la nature de votre projet ;
• votre chiffre d’affaires prévisionnel ;
• vos objectifs de développement.

Ne sous-estimez pas l’importance de cette étape. Le choix du statut d’une entreprise est primordial, quel que soit le secteur d’activité. Que vous envisagiez de devenir moniteur d’auto-école, de créer votre marque de vêtements ou encore de devenir trader. N’hésitez pas à nous demander conseil en commentaires, nous vous répondrons avec plaisir ! 

☝️BIC ou BNC ? L’activité d’auto-école est imposée dans la catégorie BNC (Bénéfices non commerciaux), à la condition que l’exploitant fasse cours aux élèves.

Quelles formalités pour devenir moniteur à son compte ?

Pour devenir moniteur d’auto-école, plusieurs formalités administratives vous sont imposées.

Obtenir le titre professionnel

La première étape consiste à suivre et à valider la formation au titre professionnel ECSR dans un centre de formation agréé. Cette certification, délivrée par le ministère du Travail, est obligatoire pour exercer le métier selon l’article R.212-3 du Code de la route.

Le diplôme atteste de vos compétences pédagogiques et techniques pour enseigner la conduite et la sécurité routière.

Faire la demande d’autorisation d’enseigner

Une fois diplômé, vous devez obligatoirement obtenir l’autorisation d’enseigner la conduite à titre onéreux.

Cette demande s’effectue auprès de la préfecture de votre département de résidence. Depuis 2024, celle-ci se fait uniquement en ligne via la plateforme “Démarches simplifiées ».

En plus du formulaire à compléter, plusieurs pièces justificatives vous sont demandées :

• le recto-verso de votre carte d’identité ou passeport en cours de validité ;
• un justificatif de domicile de moins de 3 mois ;
• une copie du titre professionnel ECSR ;
• une copie recto-verso du permis de conduire ;
• le certificat médical d’un médecin agréé par les services préfectoraux.

Selon votre situation, il vous sera également demandé :

• une copie du CSS “deux-roues” ;
• une copie du CSS “groupe lourd” ;
• une copie du diplôme d’enseignant tronc commun ;
• un document attestant de votre formation continue ;
• une copie de l’autorisation d’enseigner.

Votre demande sera traitée entre 1 et 7 jours après envoi.

Validité et renouvellement

L’autorisation d’enseigner est délivrée gratuitement pour une durée de 5 ans, sous réserve de la validité du certificat médical.

Elle doit être renouvelée 2 mois avant sa date d’expiration, à votre initiative.

Chaque demande de renouvellement doit être précédée d’un nouvel examen auprès d’un médecin agréé par la préfecture.

Cette carte d’autorisation d’enseigner doit être portée en permanence lors des leçons de conduite et présentée en cas de contrôle par les forces de l’ordre.

Immatriculer son entreprise

Si vous choisissez de devenir moniteur d’auto-école indépendant, une étape supplémentaire vous est imposée : immatriculer votre entreprise, afin d’officialiser sa création.

L’immatriculation d’une entreprise s’effectue via le guichet unique de l’INPI, quel que soient son statut et son secteur d’activité (artisans et commerçants, activité immobilière, prestation de service).

Comptez un délai de traitement d’une à deux semaines.

Une fois votre entreprise immatriculée, vous recevrez :

• Votre numéro SIRET ;
• Votre code APE : 8553Z (unique à votre métier).

Pour une société personne morale, plusieurs formalités s’ajoutent :

• Rédaction des statuts ;
• Constitution du capital social ;
• Publication d’une annonce légale ;
• Frais divers.

Une fois toutes ces démarches effectuées, ça y est ! Vous pouvez enseigner. Bien que vous n’en ayez pas tout à fait terminé avec vos obligations légales. Il vous faut encore :

• Acquérir ou louer un véhicule auto-école équipé de doubles commandes et d’un panneau « auto-école » ;
• Souscrire une assurance pour votre véhicule à double commande ;
• Souscrire une assurance “Responsabilité civile professionnelle” ;
• Vous équiper du matériel obligatoire : livret d’apprentissage, gilet jaune, triangle de signalisation, éthylotest, etc.

Des interrogations au sujet de la création d’entreprise ou sur le métier de moniteur d’auto-école ? Nous vous répondons dans les commentaires !